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« Chère Ijeawele », le manifeste pour une éducation féministe de Chimamanda Ngozi Adichie

 

Aujourd’hui c’est la journée mondiale de la fille (11 octobre). Cette journée instaurée par l’ONU est l’occasion d’engager une discussion mondiale sur la place des filles dans la société et surtout sensibiliser sur les abus dont elles sont victimes. Toutes les initiatives qui sont mises en avant dans le cadre de cette journée ont pour point commun la volonté de réaffirmer et de renforcer les droits des filles. Cette année le thème est le suivant :« Avec elle : encourager l’instruction et la qualification professionnelle des filles ». Je profite de cette journée pour vous présenter un ouvrage indispensable : Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe de Chimamanda Ngozi Adichie.

Ce petit livre m’a été offert par mon amie Fatou qui en le découvrant n’a pas hésité à en embarquer plusieurs pour ses amies #sororité 🙂

J’aime beaucoup cette idée de transmission…D’ailleurs c’est un peu l’histoire de la naissance de ce livre. Il s’agit au départ d’une lettre (remaniée pour les besoins de sa publication) de Chimamanda Ngozi Adichie adressée à une amie devenue mère. Son amie l’interrogeait sur la nécessité de donner à sa fille une éducation féministe et sur la meilleure manière de le faire. Chimamanda Ngozi Adichie lui adressa alors cette longue lettre qui devint Chère Ijeawele, ou un manifeste pour une éducation féministe.

D’origine Nigériane et vivant entre le Nigéria et les Etats-Unis, l’écrivaine Chimamanda Ngozi Adichie est devenue au fil de ses publications littéraires (Relire mes revues des livres Americanah ici et L’Autre Moitié du soleil ici ) et de ses interventions médiatiques, une figure et une voix importante du féminisme en Afrique (Et partout dans le monde).

« Savoir cuisiner n’est pas une compétence préinstallée dans le vagin.Cuisiner s’apprend. Cuisiner- de même que les tâches domestiques en général- est une compétence de base qu’idéalement les hommes comme les femmes devraient avoir. C’est également une compétence qui se refuse parfois aux hommes comme aux femmes »

Chimamanda Ngozi Adichie a grandi au Nigéria. A travers ses livres elle aborde des questions liées à la place des femmes dans les sociétés africaines (et plus particulièrement au Nigéria). Tout en réaffirmant son attachement pour l’Afrique et ses cultures, elle n’hésite pas à pointer du doigt le machisme, les traditions archaïques, le déterminisme et les stéréotypes de genre qui empêchent les femmes (mais les hommes également) de s’émanciper des carcans.

« Nous conditionnons les filles afin qu’elles aspirent au mariage, mais pas les garçons, ce qui entraîne dès le départ un grave déséquilibre. Les filles deviendront des femmes qui seront obnubilées par le mariage. Les garçons deviendront des hommes des hommes qui ne seront pas pas obnubilés par le mariage. Les femmes épouseront ces hommes. La relation est automatiquement inégale, parce que l’institution compte plus aux yeux de l’une que de l’autre. Est-ce donc surprenant que dans tant de mariages les femmes sacrifient d’avantage et qu’elles y perdent tellement, parce qu’elles doivent constamment entretenir un échange inégal ? »

Ce livre s’articule autour de suggestions, quinze conseils pratiques portant sur notre manière de faire, de nous exprimer, sur nos choix de vie en tant que parents de petites filles…L’idée sous jacente est politique : interroger et déconstruire les préjugés sur l’éducation des filles et des garçons et questionner la place des femmes dans la société.

« Voici ce qui devrait être [le] postulat féministe de base. Je compte. Je compte autant. Pas « à condition que ». Pas « tant que. Je compte autant. Un point c’est tout. »

Et je ne retrouve plus la citation exacte mais j’ai beaucoup aimé le passage où elle dit qu’il faut entourer sa fille d’un « village de tantines », des femmes qu’elle pourra prendre pour modèle, à qui elle pourra notamment se confier si elle ne peut se confier à ses parents.

« Montre-lui qu’elle n’a pas besoin de plaire à qui que ce soit. Dis-lui que si quelqu’un ne l’apprécie pas, quelqu’un d’autre le fera. Dis lui qu’elle n’est pas seulement un objet qu’on aime ou qu’on n’aime pas, elle est également un sujet qui peut aimer ou ne pas aimer. »

En sommes j’ai trouvé ce livre à la fois incisif (pour qui a grandi en Afrique et connait la force de certaines pratiques et traditions que personne ne questionne plus) et bienveillant. Chimamanda Ngozi Adichie n’est pas dans un jugement, mais elle est pragmatique et met le doigt sur les inégalités qui sont flagrantes et qui font mal. Ces maux causés par le patriarcat sont réels et il est temps d’y mettre fin, afin que nous puissions bâtir une société plus juste et réellement égalitaire.

« Quand nous disons que les pères « aident », nous suggérons que s’occuper des enfants est un territoire appartenant aux mères dans lequel les pères s’aventurent vaillamment. »

Je trouve que c’est un livre qui peut être facilement appréhendé par des personnes qui n’y sont pas familière et craignent même l’approche politique et plus académique qu’ont certaines autrices du féminisme. En effet, de nombreuses personnes qui ont grandi dans des sociétés ou dans un environnement où le patriarcat était particulièrement prégnant, font face à de nombreux conflits de loyauté qui leur donne le sentiment de trahir l’éducation qu’ils ou elles ont reçu en remettant en question un certain nombre de choses.

Chimamanda Ngozi Adichie réaffirme ici l’importance de l’identité, de la tribu, de la famille, mais pas à n’importe quel prix. Elle y explique très bien comment on peut concilier tradition et féminisme : en rompant avec tout ce qui blesse et instaure une hiérarchie entre les individus.

Ce livre est le complément idéal de son essai « Nous sommes tous des féministes« , parce qu’il donne des solutions concrètent à toutes les personnes qui ont en charge l’éducation d’un enfant.

« Sois une personne pleine et entière. La maternité est un magnifique cadeau, mais ne te définis pas uniquement par le fait d’être mère. Sois une personne pleine et entière. Ce sera bon pour ton enfant. »

A lire et à relire !

La livre est disponible ici

 

 

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