Hier je suis allée voir Divines, le film français réalisé par Uda Benyamina, présenté à la Quinzaine des réalisateurs au dernier festival de Cannes et récompensé par la Caméra d’or (Meilleur premier film en somme). J’avoue que je me fie assez aux récompenses du festival, c’est pour cette raison que je me suis astreinte à ne lire aucune critique sur le film avant de l’avoir vu. Je ne me suis pas non plus attardée sur le synopsis. Je souhaitais que ma surprise soit intacte. Je ne fus pas déçue…
Je ne savais donc pas vraiment de quoi il en retournait, mais j’avais cru comprendre qu’il s’agissait d’une histoire d’adolescentes vivant en banlieue parisienne. Ayant moi même grandi en banlieue parisienne (et pas des plus calmes ) j’aime que des réalisateurs ou des écrivains s’y interessent et nous fassent un peu sortir de l’ombre . J’aime également les films qui racontent des histoires d’amitiés adolescentes. L’adolescence est une période charnière dans le développement des individus et elle fourni aux conteurs tellement de matière pour leurs récits que les possibilités d’expression semblent infinies.
Pourtant dès le premier quart du film je savais déjà quelle direction il prenait. On aurait pu croire à une suite de Bande de filles, ou un remake. Je suppose que lorsque l’on est une réalisatrice qui monte son premier film, il peut s’écouler un laps de temps très long entre l’écriture et la sortie en salles (pour peu que l’on ait la chance que son film voit le jour). Du coup la ressemblance avec toute œuvre antérieure, aussi frappante soit-elle, n’est peut être que le fruit d’un malheureux (en l’occurrence) hasard. Après tout beaucoup de films se ressemblent, du synopsis au casting, mais quand la redite est bonne, ce qu’il nous reste en sortant c’est le souvenir d’un agréable moment de cinéma. Ce n’est pas vraiment ce que j’ai ressenti et je vais vous expliquer pourquoi.
Au delà de l’ennui face à un scénario aux allures de déjà-vu, j’ai trouvé le film malaisant. Étonnant pour une personne qui avait défendu Bande de Filles et d’autant plus que j’écris plus haut que les films se ressemblent. Sauf que j’ai trouvé qu’à la différence du film de Céline Sciamma, celui d’Uda Benyamina tire le trait au maximum, frôlant non pas la caricature mais la propagande démagogique. J’ai vu dans Bande de Filles une ouverture, une possibilité d’envisager les choses autrement qui m’a manqué ici. Je me suis sentie piégée par cette atmosphère étouffante à tous les plans.
*Attention spoiler*
Sans surprise les deux amies, personnages centraux du film sont d’origine africaine et issues de familles modestes. Dounia l’héroïne est élevée par sa mère qui travaille comme serveuse dans un bar de nuit et se bourre la gueule (en plus de « baiser » avec qui elle veut) en permanence pour supporter la morosité de son existence . Les deux femmes vivent avec le frère de la mère qui est visiblement travesti et bosse lui aussi dans le divertissement de nuit ( Coucou Chouchou de la place Clichy !). Le trio a pour domicile un cabanon dans un camp de Roms à la périphérie de la cité. Parce que si vous pensez savoir ce que c’est que de vivre en marge du système (dans une banlieue donc, dont on ne distingue d’ailleurs durant tout le film qu’une façade d’immeuble, quelques grilles et les couloirs sombres des caves humides où l’on planque le shit), alors sachez que vous avez encore de la marge !
Bien entendu Dounia et sa meilleure amie Maimouna n’aiment pas beaucoup l’école et préfèrent sécher leurs cours de BEP accueil pour aller voler au supermarché. Pour cette entreprise périlleuse, elles ont la brillante idée de se vêtir de hijabs afin de pourvoir y engouffrer ni vues ni connues un max de friandises et de boissons, qu’elles revendront devant leur établissement scolaire.
En cette période de stigmatisation nauséabonde des femmes qui choisissent librement de se vêtir de la sorte, c’est le genre de scène que l’on s’attendrait plutôt à voir dans un sketch de Groland. Mais le rodéo de pornographie sociale ne s’arrête pas là.
Entre alors en scène Rebecca, un jeune femme à peine plus âgée que les deux complices qui passe pour être la dealeuse du quartier. C’est elle qui y gère le trafic de drogue, en compagnie de son larbin pas beaucoup plus crédible qu’elle. Cette jeune femme-noire donc- qui est repérée à mille mètres, maîtriserait le territoire depuis un moment, ainsi que toutes les techniques pour se fondre dans la masse et ne pas se faire repérer des flics. C’est un peu comme si on mettait sur une même ligne Afida Turner plus des employées de mairie et que l’on vous demandait de désigner celle qui a fait de la TV réalité….Aheum.
Et donc le rêve de Dounia est de faire de la maille, beaucoup de maille, afin de gagner en respectabilité et que les gens de la cité (que l’on ne voit pas du tout durant le film) arrêtent de l’appeler « la bâtarde ». Son amie Maimouna qui elle a la chance de bénéficier d’un encadrement familial normal, décide pourtant de soutenir Dounia dans sa quête de « money money money ». Les deux filles rêvent de la Thaïlande, un pays qui constitue pour elles un idéal d’émancipation depuis que Rebecca en est revenue avec des vidéos d’éclate sur fond de sports nautiques et de femmes dévêtues réalisant des danses lascives dans des bars de nuit, le tout arrosé d’alcool. Un écran de fumée quoi.
En moins de temps qu’il n’en faut pour le dire, les deux comparses deviennent les petites mains de la caïd Rebecca et sont chargées d’écouler la drogue dans cette cité où l’on ne croise toujours pas grand monde. Ah ! Et je ne vous ai pas dit que le père de Maimouna est Iman et que son culte se pratique dans un sous-sol, séparé d’une simple grille des couloirs où les jeunes planquent leur came. De la mosquée clandestine (« l’islam des caves ») au trafic de drogue il n’y a qu’un pas. Cela ne vous évoque pas un mauvais documentaire télévisé ?
Et puisqu’il faut quand même mettre un peu d’action dans tout ça; à la demande de Rebecca la caïd, Dounia va devoir se transformer en Nikita pour aller voler cent mille euros planqués dans l’appartement d’un gros bonnet de la drogue parisienne qu’elle devra d’abord séduire. Peu importe son inexpérience évidente en la matière, il lui suffira de s’acheter une jolie robe sexy et des chaussures à talons pour que le dangereux trafiquant (qui a deux fois son âge ) tombe sous son charme. Sur place les choses ne se passent pas exactement comme prévu et elle échappe à une tentative de viol (Mais pas au tabassage en règle) grâce aux acquis d’un vague cours d’art martial (non identifié) que lui a donné un papa asiatique (évidemment) de la cité quelques mois plus tôt. Elle s’était faite molestée par un acheteur malhonnête et avait alors décidé (comme Ophélie Winter) de ne plus jamais se laisser faire. Elle parvient donc à tuer le type et trouve la maille dont elle s’empare. Elle a le projet de s’enfuir avec la thune et un danseur professionnel dont elle s’est éprise, mais elle doit renoncer à son rêve car Rebecca menace de s’en prendre à Maimouna. Soit dit en passant le beau danseur est le seul personnage (blanc donc) principal du film qui ne semble pas animé de bas instincts.
Bon je m’arrête là niveau synopsis mais sachez que ça fini mal, très mal, et que tout cela c’est de la faute de ces pauvres abrutis écervelés de jeunes banlieusards qui n’ont rien compris à la vie; surtout que c’est mal de caillasser les pompiers qui viennent éteindre des feux dans la cité, parce qu’un jour ça se retourne contre eux. La preuve.
Je pense que ce qui m’a vraiment mise mal à l’aise c’est cette accumulation. Quand tu crois avoir tout vu, il y a encore un truc gros comme une maison qui arrive. Alors oui il s’agit d’une fiction et oui la précarité et la misère sociale gangrènent de nombreuses banlieues en France. Cela en fait un terreau fertile pour la violence et les trafics en tout genre, mais les choses sont-elles si peu nuancées ? Je ne pense pas. J’ai vécu à Saint-Denis, à la Courneuve et à Sarcelles. J’ai été surveillante dans un lycée professionnel classé ZEP à Drancy et j’en ai vu des choses pas jolies. Mais il y avait aussi de la vie, des jeunes gens normaux, qui se contentaient de ce qu’ils avaient sans faire de vagues, qui avaient de réelles ambitions et pas juste de faire de la maille par tous les moyens.
Divines n’a sûrement pas pour ambition de faire un portrait de LA BANLIEUE, c’est l’histoire d’une gamine qui fait de mauvais choix et qui entraîne sa meilleure amie dans sa chute. Mais cette galerie de personnages et ces choix scénaristiques qui piochent dans les seuls clichés véhiculés en permanence sur la banlieue en font un film (de plus) à charge dont on se serait bien passé. Surtout en ce moment. En outre c’est le genre de film dont les plus jeunes raffolent, car ils se voient à l’écran, tels des heros de BD dotés de supers pouvoir, tout simplement . Le problème c’est que peu d’entre eux (pour les raisons que la réalisatrice n’évoque pas dans son film) auront le bagage nécessaire pour y voir le film engagé que les bobos journaleux parisiens ont encensé.
Malgré l’amitié attachante entre les deux héroïnes, Divines m’a fait l’effet d’une sorte de Creepy Show à l’attention de ceux qui n’ont vraiment pas d’idée de ce qu’est une banlieue parisienne et son énergie. Dans son entreprise de stigmatisation, Michel Houellebecq lui a au moins la décence de situer ses histoires stigmatiqantes dans un espace spatio temporel imaginaire. Des gens peuvent ainsu se dire « ouais c’est son délire d’écrivain qui veut juste faire parler de lui, passons ». Mais là on nous vend soit disant du raw, du vrai, de l’authentique. Un truc courageux (et donc engagé )quoi.
Le film Un français a bien été déprogrammé des salles en raison du climat de tensions suite aux attentats qui ont frappé la France récemment. Pour moi Divines est un film qui alimente la haine envers des personnes suffisamment stigmatisées sans qu’il soit besoin d’un rajouter, de manière aussi grossière, qui plus est.
N’hésitez pas à me dire en commentaire ce que vous avez pensé du film. On peut ne pas être d’accord, mais on peut toujours en discuter 🙂
12 Commentaires
K.
Bonjour et merci beaucoup pour cette critique instructive (je n’ai pas vu le film mais je ne suis pas très étonné qu’il soit douteux : en lisant les interviews de la réalisatrice, au moment de la projection à Cannes, il m’avait déjà semblé qu’elle présentait « la banlieue » d’une façon caricaturale).
Estelle
Bonjour K,
Je vous conseille de voir ce film malgré vos appréhensions. Ce n’est pas un film sur la banlieue mais un film sur une belle amitié.
Sheily
Coucou ma belle ! Comment je te disais sur Instagram, j’ai beaucoup aimé ce film. Pour ma part, je n’avais pas vu Bandes de filles, donc si similitudes il y a, cela n’a pas affecté mon jugement. Je te rejoins sur le fait que la cité et la banlieue soient inexistants. Mais en revanche, certains points que tu qualifie de raccourcis (parfois nauséabonds), je ne les ai pas du tout perçus ainsi. En fait ce qui m’a fait vibrer, ce sont les sentiments et l’émotion. Les sentiments et l’émotion des deux meilleures amies m’ont touchée. Elles m’ont fait passer du rire aux larmes du début à la fin. J’ai vu deux gamines. Deux copines. Je n’ai pas vu le reste. Bon je suis dans le bus donc peu pratique pour écrire mais j’ai hâte de poursuivre la conversation !
Lilylit
Je me sens un peu forcée de réagir parce que je fais partie du public qui encense ce film en ne connaissant rien à la réalité des banlieues. Et si je l’encense, c’est justement parce qu’après l’avoir vu, j’ai nettement moins envie de stigmatiser ces jeunes qu’avant (si tant est que j’aie un jour voulu le faire). Parce qu’à mes yeux, Dounia est moins quelqu’un qui fait de mauvais choix que quelqu’un à qui la vie a laissé très peu de choix : aucun repère adulte stable, une orientation professionnelle forcée, personne pour s’intéresser à qui elle est vraiment, à ses capacités…sauf Rebecca.
Après, concernant ce que les jeunes vont en tirer, si vu la fin ils ne comprennent pas que les trafics et la soif d’argent sont dangereux, je ne sais pas ce qu’il leur faut de plus !
Pour ma part j’ai aimé l’intensité folle du film, et de son actrice principale. Banlieue ou pas, elle reflète bien cet âge adolescent où on ne fait rien à moitié, et où on se pense invincible. Et j’ai trouvé beaucoup de grâce à toute la partie de l’intrigue autour de la danse, dont tu parles peu et qui à mes yeux confère au film sa singularité.
Cela dit, je n’ai pas vu « Bandes de filles » (mais je compte bien le voir).
Albus
Il y a deux choses qui me gênent dans votre commentaire : le premier c’est le point de vue extérieur, à qui il faudrait démontrer qu’il ne faut pas stigmatiser les jeunes vivant en banlieues. Il y a derrière une sorte d’humanisme conditionnel qui me dérange. Et ces conditions sont remplies par le fait que le personnage de Dounia remplit une série de critères assez stéréotypés sur sa position de victime du système. Or c’est bien le travers qu’on voit dans les films sur « labanlieue » qui sont plebiscités : on reste sur un regard extérieur, humanitaire, deshumanisant car victimisant, à condition de correspondre aux stéréotypes qu’on s’en fait.
Le deuxième élément qui me gêne est votre conclusion sur ce que les jeunes vont en tirer, à savoir que les traffics et la soif d’argent sont dangereux. Il me semble que vous partez d’un presupposé que ces jeunes (sous entendu vivant en banlieue si j’ai bien compris votre commentaire) serait forcément attiré-es par ça et que l’intérêt du film est justement de les en dissuader. Ça rejoint bien ce que dit l’article sur le fait qu’on présente toujours les habitants des banlieues via un ensemble de stéréotypes quand la réalité est bien plus complexe et bien moins dramatique (au sens de : faire des films sur les jeunes vivant en banlieue qui veulent prendre de l’oseille en trafficant, c’est plus impressionnant que simplement des jeunes qui vivent leur vie comme n’importe quel autre jeune français-e).
Fayi
J’ai pensé la même chose, j’ai été invité pour aller le voir et rien qu’à voir le synopsis et la bande-annonce je l’ai vu venir à 100 000 KM, surtout le héros blanc qui contrastent avec tous les autres…
C’est dommage que les films où il y a des personnes issus des minorités finissent dans ces écueils encore en 2016…
Elodie
Bonjour, je viens de lire votre article et je voulais absolument répondre (même 3 mois plus tard) parce que j’ai l’impression qu’on n’a pas du tout vu le même film. Divines est certes l’histoire de 2 filles en banlieue qui se mettent à dealer pour pouvoir gagner le plus d’argent possible. Et oui, si on reste en surface, on pourrait confondre le synopsis avec n’importe quel mauvais téléfilm de France 3. Sauf que la construction des personnages et le travail de mise en scène de la réalisatrice en font un film nuancé et complexe sur la quête de dignité et de reconnaissance d’une jeune fille dans une société qui la rabaisse et la marginalise en permanence. Elle n’est pas animée par des « bas instincts » mais par des ambitions, des rêves comme tout être humain.
Vous avez cité Bande de Filles. Selon moi, les deux films n’ont absolument rien à voir et de surcroît, celui-ci m’apparaît comme étant beaucoup plus cliché que Divines. En tant que jeunne femme afro-descendante noire, j’ai remarqué le regard blanc, classe moyenne de la réalisatrice à des kilomètres. Les personnages féminins noirs du film, qui auraient pu être vivants et nuancés sont au final de simples personnifications des fantasmes de la réalisatrice qui, et je cite, « ne s’est pas posé la question de la légitimité » de raconter des histoires qui n’ont rien à voir avec elle. Elle a simplement aperçu ses jeunes filles dans le RER un jour et s’est, comme dans un zoo, qu’elle aimerait bien les « étudier ». Les dialogues sont irréalistes et figés (à part la scène du golf éventuellement) et les figures sempiternelles de la mère femme de ménage quasi-absente, du grand frère noir violent et des mecs du quartier (essentiellement présentés comme des espèces de prédateurs). Céline Sciamma aurait pu donner plus de relief à ses personnages, leur conférer des motivations et leur pourquoi du comment de leur action mais elle a décidé de ne pas le faire.
C’est pour ces raisons que je ne comprends pas la similarité avec Divines, où cette quête d’argent est justement un moyen d’acquérir dignité et respect aux yeux de ses pairs mais aussi aux yeux de la société. Certes, Dounia se fourvoie dans ses objectifs mais là est tout le but du film, c’est à dire de montrer comment la mise à l’écart et la misère nous poussent à envisager les solutions les plus extrêmes, surtout en tant qu’adolescente en pleine construction de soi et prône à faire de mauvais choix, que celle-ci soit habitante de banlieue ou pas. Il me semble que vous avez aussi passé sous silence toute la dimension spirituelle puisque Dounia est aussi en quête spirituelle, elle se cherche en permanence. C’est presque une tragédie grecque quand on pense à la fatalité de son destin et au déterminisme social qui finit par la punir à la fin. Au final, c’est aussi un discours sur l’abandon des ces jeunes filles noires et arabes par le système social et éducatif français.
Le saux
Contente d’avoir lu votre commentaire sur « Divines », moi non plus je n’ai pas aimé le film. Des cris ,des cris, du mélo , à part l’actrice qui est géniale, je n’ai pas été sensible à l’histoire. Je trouve les personnages un peu caricaturaux et la partie où la petite banlieusarde se transforme en vamp me laisse sceptique.D’ habitude je lis toujours les critiques des inrockuptibles et je les trouve excellentes, cette fois-ci je ne suis pas d’accord avec eux.
Lili
Bonjour,
Une amie m’a conseillé de regarder ce film et m’a glissé que je le trouverais génial.
Et bien mon sentiment est très partagé.
J’ai trouvé que ce film avait une vive énergie, les émotions y sont fortes, que l’on soit gêné, en colère, mal à l’aise ou triste face à certaines scènes, il ne laisse pas indifférent.
Au-delà de ça, et malgré la réalité des difficultés qui existent en banlieue, je trouve ce film plutôt irresponsable.
Ce film renvoie à plusieurs stéréotypes qui ont déjà été beaucoup trop diffusés à mon goût dans notre société (l’homme blanc associé à l’art et à la réussite, la maghrébine qui ne voit la réussite que dans la drogue et qui évolue dans un cadre familial instable, la noire, suiveuse, qui décède, l’oncle maghrébin travesti, la mère alcoolique et irresponsable etc etc etc…).
Il faut savoir que dans l’inconscient collectif, ce type de symboles que l’on diffuse massivement restent et deviennent acceptés par la population.
Pourquoi j’ai employé le mot irresponsable plus haut, c’est parce que, de mon point de vue, les personnes qui ne sont pas familière à ce milieu vont garder en tête et vont associer les personnes maghrébines, noires, asiatiques etc au rôle qu’on leur assigne. Et le plus triste selon moi, c’est que les maghrébins, noirs et asiatiques qui auront intégrés ces codes vont accepter ce rôle qu’on leur attribue et s’enfermer dans un carcan sans voir les autres perspectives qui pourraient leur être offertes.
Pour changer l’image des enfants d’immigrés, il me semble plus responsable d’écrire une nouvelle histoire. Ces quartiers regorgent de talents et de personnalités qui mènent à bien des projets et qui travaillent ensuite dans la mode, la finance, la politique, la cuisine etc…
Ce genre de film ne fait que renforcer les raccourcis du type « arabe=quartier=drogue » qui sont insupportable.
Il est temps d’associer ces personnes au positif et à la réussite.
Estelle
Bonjour Daniella,
Comme certains l’on dit plus haut, j’ai l’impression que l’on n’a pas vu le même film, du moins nos avis divergent.
J’ai regardé ce film, comme toi, sans savoir à quoi m’attendre et sans avoir vu le synopsis ou la bande annonce.
Oui, l’histoire se passe dans une banlieue, oui les personnages principaux (à qui il arrive des mésaventures) sont d’origines africaines, oui le « seul blanc » est le personnage qui ne se retrouve jamais dans une situation délicate.
Mais je pense que le problème, ou la différence de point de vue vient de cette décortication des rôles et des expériences de chaque personnage selon leur origines. On ne peut pas passer outre ces détails, mais on peut choisir de ne pas s’y attarder à chaque fois.
Tes remarques m’ont fait pensé à certaines personnes qui vont relever le fait de voir un noir jouer le concierge, ou une femme de ménage dans un film. Il fut un temps ou le but était de faire passer un message péjoratif ou enfermer une catégorie de personnes dans un stéréotype social. Aujourd’hui même si la lutte n’est pas finie, il y a eu beaucoup d’évolution dans la représentation des minorités ou personnes non blanches au cinéma. Et il peut arriver de voir un arabe, un noir, un asiatique, qu’importe, dans des rôles, mineurs ou peu flatteurs sans que cela soit issu d’une volonté de nuire ou de rabaisser. Il fallait juste quelqu’un pour jouer ce rôle.
Tu as mis en avant plusieurs symboles de la religion musulmane associés à des choses négatives. Par exemple les filles qui mettent une hijab pour mieux voler, ou le fait que la planque de drogue soit près de la Mosquée clandestine. Honnêtement, pour moi ce sont détails que j’avais déjà oublié, parce que je n’ai pas perçu encore une fois une quelconque volonté consciente ou pas de mettre à mal cette religion. Je n’ai pas relevé parce que l’une des fille pratiquait l’Islam chez elle.
Je m’arrête là concernant l’analyse des détails sociaux et religieux, parce que ce n’est vraiment pas ce qui m’a marqué dans ce film. J’ai vu avant tout deux copines qui n’étaient pas toujours en phase avec la société et qui essayaient de trouver des échappatoires; comme ces moments passés à regarder les cours de danse depuis le plafond.
J’ai surtout vu un film plein d’émotions et plein d’amour qui se finit tragiquement malheureusement.
Dunois
Hello je viens de finir le film.
Effectivement beaucoup de clichés improbables qui n’existent même pas dans la vrai vie. Je suis d’accord avec tous les exemples que tu cites. Mais les deux filles jouent superbement bien (Surtout le second rôle), il y a un bon rythme, de très belles images et de belles scènes.
Donc dans l’ensemble je comprends pourquoi ca à fonctionné
Bises!
camille
En fait, vous ne faites que raconter le film. Donc il ne vaut mieux pas qu’une personne ne l’ayant pas vu vous lise, sinon, elle n’aura aucun effet de surprise. Moi aussi, j’ai trouvé des passages un peu « tirés par les cheveux » et les longueurs ( scènes entre le danseur et Dounia), mais par contre j’ai aimé l’énergie, la crédibilité des acteurs et surtout le message qui transsperse. On est toujours libre de ses choix et que l’eldorado ( à l’occurence le rêve d’argent) n’est pas forcèment la sortie de sa confition ni le gage de bonheur.