« Toutes les grossesses sont différentes ». C’est avec cette phrase répétée mentalement en boucle que j’ai débuté ma grossesse. J’avais l’espoir de vivre un début de grossesse moins éprouvant que ma précédente. Avec le recul je me dis que ce mantra a eu son petit effet puisque durant un mois j’ai réussi à contrer et supporter les effets secondaires de cet heureux événement. Homéopathie, bracelets d’acupression, rondelles de citron et lamelles de gingembre n’ont malheureusement pas fait effet longtemps….Les jours passaient, je faiblissais et je devais me rendre à l’évidence : ce début de grossesse serait pire.
Mon médecin traitant qui a toujours un mot pour vous rassurer me l’avait pourtant dit : « Madame, cette grossesse va être plus difficile à vivre que la précédente « . Je mettais cette prédiction sur le compte d’un pouvoir divinatoire hérité de ses ancêtres lorsqu’il n’expulsa de ma rêverie emprunte de clichés en ajoutant » Pour Maya vous aviez 33 ans. Là à 36 ans… ». OK, c’était juste son tact légendaire.
Et pourtant, il avait raison !
Je ne saurais vous dire quel rôle « mon grand âge »*ironie* a joué dans ma traversée du désert de ces derniers mois, mais une chose est sûre : il fut (ce désert) terriblement aride.
✔Nausées
✔Sensibilité aux odeurs
✔Vomissements
✔Hypersensibilité aux ondes électromagnétiques
✔Fatigue
✔Hypersalivation
✔Déshydratation
✔Détresse
✔Déprime
Au loto des effets secondaires de la grossesse j’ai remporté le jackpot !
« La grossesse n’est pas une maladie » peut – on entendre des personnes – qui ne savent vraiment pas de quoi elles parlent -affirmer. Après avoir frôlé l’hospitalisation et perdu 10 kilos, je me pose une question : c’est quoi une maladie au juste ?
Je suis d’accord, la grossesse n’est pas une maladie. Lorsque tout se passe bien. Dans le cas contraire, bienvenue dans un monde parallèle fait de fatigue, de stress, d’incertitude et de mensonges par omission. L’usage veut que l’on ne partage son état de grossesse avant d’avoir passé les 12 semaines d’aménorrhée. Autrement dit, le délai au delà duquel les chances (statistiques) de mener une grossesse à son terme sont plus nombreuses.
Le caractère « secret » du début de grossesse renforce selon moi l’état de solitude dans lequel peuvent nous plonger les maux décrits plus haut. Bien sûr on a toujours un cercle proche à qui l’on peut dire dès les premiers résultats : « Nous attendons un heureux événement « .
Mais à moins de vivre dans une grotte, la vie en société nous amène à côtoyer un certain nombre d’autres personnes de manière plus ou moins étroite, à qui on n’a pas forcément envie de parler de son intimité. Prenons le milieu professionnel : un premier trimestre de grossesse difficile peut impacter la qualité de votre boulot et vous pouvez même risquer d’en perdre si vous n’avez pas d’excuse « valable » pour expliquer votre manque de productivité ou vos absences répétées.
Vous pouvez également louper d’autres choses sympa et semer le doute dans l’esprit de vos potes, à force de messages restés sans réponse, appels manqués et rdv annulés. A cela j’ai une réponse imparable : seuls les vrais restent.
Le pire c’est que parfois on ne sait même pas soi même que l’on est enceinte !
Perso j’étais suffisamment préoccupée par une vilaine entorse qui m’a fait très mal et m’a handicapé pendant plusieurs semaines pour me soucier d’autre chose.
Au delà des maux de la grossesse il y a l’angoisse.Permanente. Elle n’épargne personne et elle instaure un certain « équilibre » entre les femmes qui n’ont pas d’effets secondaires (et donc se demandent si c’est bon signe) et celles qui souffrent au fond de leur lit. Toutes égales face au stress, que tout ne se passe comme prévu… La crainte de faire une fausse couche qui hante particulièrement celles qui l’ont déjà vécu. Face à cela nous les femmes sommes définitivement seules et impuissantes. A ce sujet, un article de la blogueuse Jenny Evans m’avait particulièrement touchée. En le lisant j’avais pensé à une amie qui regrettait d’avoir annoncé sa grossesse à une grande partie de son entourage et souffrait d’avance du fait d’avoir à répondre à leurs interrogations sur son avancée. Qu’elle n’ait pas à le faire n’aurait rien changé de sa souffrance à ce moment là, elle le reconnaissait elle-même, mais il y a comme un consensus autour du fait qu’il ne faut rien dire à moins d’être sûre. Mais qui peut être certain de ce que la vie nous réserve ? En revanche je suis sûre d’une chose : ce qui est caché ne peut pas guérir.
En réalité dès lors que l’on porte la vie et bien au delà nous sommes condamnées à avoir peur. Certains moments moins que d’autres bien sûr, mais cette peur est toujours présente et ne nous quittera sans doute jamais.
Pourquoi je vous raconte tout cela ? Parce qu’il me semble important de dire les choses. Pas toujours les plus belles et les plus poétiques, mais si personne ne parle du reste, comment savoir ?
Les médecins nous recommandent de ne pas aller sur internet lorsque ça ne va pas et surtout pas sur les forums, alors que la grande majorité d’entre eux n’ont que peu de temps à consacrer à nos questionnements. Alors oui j’avais moins d’interrogations que pour ma première grossesse, mais j’en avais tout de même. Après tout cela remonte à plus de trois ans et le besoin d’être rassurée n’a pas de date de péremption. Du coup c’est vers les forums que j’ai pu me tourner pour découvrir l’expérience de femmes qui avaient vécu exactement la même chose que moi. Les blogs aussi m’ont énormément confortée et aujourd’hui encore il m’arrive de consulter la section « famille » d’Hello Coton juste pour lire des récits de femmes enceintes ou tout simplement de mamans. C’est parce que j’avais ressenti ce manque lors de ma première grossesse que j’avais décidé de vous parler moi aussi de toutes ces choses ici. Parce que oui toutes les grossesses sont différentes, mais il y a toujours une grossesse qui ressemble à la nôtre.
Je me souviens être tombée un jour sur le témoignage plein de désespoir d’une femme souffrant d’hypersalivation (aussi appelée ptyalisme) durant sa grossesse. La pauvre se sentait hyper seule car elle ne connaissait absolument personne dans son entourage ayant rencontré de tels maux. Du coup elle était obligée de faire face aux remarques acerbes et dégoûtées de son entourage qui ne comprenait pas qu’elle ne puisse pas s’empêcher de cracher toutes les 5 minutes. Le fait est que cette femme était blanche et que cet effet indésirable est beaucoup plus fréquent chez les femmes noires. Du coup cette femme a pu trouver du réconfort sur le forum, parce que oui se dire que l’on s’est transformé en créature immonde n’est pas vraiment facile à vivre. Moi je n’avais jamais connu ça, mais je savais au moins que cela existait…Et qu’il n’y avait pas grand chose à faire.
Parler et partager autant d’expériences qu’il en existe, cela permet de balayer cette idée (soutenue par certains membres du corps médical) selon laquelle » tout ça c’est dans la tête ».
Les effets secondaires de la grossesse sont physiques et physiologiques. Les envies, les aversions, les doutes, la fatigue et les émotions décuplées ne sont pas des choses que l’on peut réellement contrôler. Ce n’est pas une question de volonté. Pour la petite histoire j’ai développé (comme pour ma grossesse précédente ) une aversion pour tout ce qui est sucré, y compris les fruits. C’était quelque chose d’ inimaginable pour un bec sucré comme moi. Pourtant la simple vue d’une tablette de chocolat peut me faire tourner de l’œil. Ce n’est pas plus mal puisque je n’ai pas à craindre comme de nombreuses femmes une grosse prise de poids et/ou un éventuel diabète gestationnel. Mais cela m’a permis de comprendre que si certaines femmes perdent le contrôle sur leur alimentation ça n’a rien à voir avec du laissé-aller, comme on peut parfois l’entendre.
Mon premier trimestre est derrière moi, mais comme pour ma précédente grossesse, je déplore toujours ce manque d’écoute et de considération pour ce que peuvent ressentir les femmes à ce moment de leur vie. Quand elles ne sont pas carrément infantilisées et renvoyées chez elles avec un Doliprane lorsqu’elle essaient d’avoir plus d’informations sur ce qu’elles vivent et sur la manière de surmonter leurs angoisses, leurs douleurs ou tout simplement leur mal-être.
Grossesse pathologique, fausse couche, avortement…Notre condition féminine nous condamne t’-elle à vivre dans la crainte, l’incertitude et le mystère ?
Vous pourrez avoir lu tous les livres du monde, avoir vécu ça plusieurs fois, vous aurez toujours besoin d’en parler et être écoutée.
18 Commentaires
Wane
Bonjour,
C’est la première fois que je commente, non pas que les autres sujets abordés ne me touchent pas mais celui me parle tellement. Pour une fois que je lis que la grossesse n’est pas un état de grâce pour certaines, que l’on est pas seule à souffrir de vomissement +++, nausées, dégoût et hypersalivation. En effet pour moi être enceinte et synonyme de maladie.
J’ai 33 ans et 3 enfants de 9 ans, 5ans et 9 mois. Je me reconnais tant dans ce que tu écris..3 grossesses différentes dans les symptômes mais semblables dans la solitude que j’ai pu ressentir. Pour une primipare les questions sont tolérées, à partir du deuxième nous sommes sensées êtres « rodées ». Pour ma dernière j’ai plus souffert de l’incompréhension de mon entourage que des symptômes en eux mêmes. M’enfin heureusement que les forums sont la pour répondre à nos questions car le corps médical n’a clairement pas l’envie de gérer la partie psy de la grossesse.
Dieu merci les 9 mois finissent par passer et le sourire de bébé nous fait oublier mais je te comprends et te souhaite bon courage pour les mois à venir.
Love
Je me reconnais parfaitement dns ton écrit. La solitude dans laquelle on plonge quand ta grossesse ne se déroule pas aussi bien qu’on peut imaginer m’a mise ko lors de ma grossesse. Non seulement c’était ma première fois et j’avais une image bien romantisée de cet heureux évènement, mais le plein d’hormone m’a plongé dans une dépression horrible dont je ne pouvais parler à personne vu que je ne comprenais pas moi-meme ce qui se passait. (Jai appris par la suite que la relation entre dépression sévère et hormones.) cependant, ce qui m’a aidé à tenir sont les affirmations positives et la meditation. Ca parait bateau comme ça, mais j’ai pu avoie un minimum de controle sur mon corps dans cette période où tu ne gères plus rien et te trouve un peu à la merci de Dame Nature. Je n’ai jamais osé écrire à ce sujet en pensant aussi « chaque grossesse est differente » ne va pas mettre des idées noires dans la tête de futures mamans, maiq ton article est tellement bien écrit, qu’au contraire. Il apporte une lumière sur un sujet dont on parle trop peu, que les lectrices y porte leur attention. Mon rêve serait des cercles de femmes où l’on puisse être entourées dans chaque étape de l’évolution, être accompagnée dans ses passages de la vie de femme, trouver l’écoute et le soutien necessaires quand on en a besoin. Je te souhaite du courage et espère que tu trouve la méthode idéale pour apaiser la souffrance que tu traverses. :*
Nelly
Je viens de lire ton post et cela m’aide beaucoup je suis à ma première grossesse exactement 7 semaine j’ai un dégoût profond pour le sucre et la depression est mon meilleur ami je suis une vraie pompes a larmes et ne ressentant pas le soutien de la part du papa j ai envie de l’exclure de ma vie et de celle du bébé j’ai 25 ans et c’est compliqué mais ce bout qui grandi en moi est ma priorité mais je sais pas comment faire pour être plus heureuse car je perd en plus du poids depuis quelque semaine … Je ne suis pas une fille qui montre ses sentiments de base mais là je sais plus RIEN camoufle ni contrôle
#DureLaVieDeFutureMaman
D.
Bonjour Nelly ! Comme je te comprends….Pour le dégoût pour le coup sucré en changeant ses habitudes alimentaires finalement c’est très facilement gerable et puis le sucre cause plus de soucis qu’il n’a de vertus donc c’est pas plus mal. Pour la perte de poids rien d’alarmant pour ton bébé rassures toi, du moins à ton stade. Moi j’ai pas mal lu pour contrer la déprime. Je lisais un livre en 24h c’est te dire…As tu essayé la méditation ? Et puis j’hésitais pas à pleurer un bon coup quand ça allait vraiment pas. Lâcher prise on l’oublie trop souvent mais cela détend énormément. Si vraiment tu te sens sombrer n’hésites pas à en parler à ton médecin ou ta gyneco/sage femme qui pourra te prescrire un accompagnement. Si tu as un peu de force et un parc près de chez toi essaie d’aller prendre l’air le plus souvent possible. Cela aide à sortir un peu « de soi ». Je suis navrée de lire que tu n’as pas le soutien de ton compagnon…Parfois ils ne savent pas trop comment nous aider parce que tout cela leur semble complètement abstrait. N’hésites pas à lui faire part de ton mal être et de ce que tu ressents. Parfois on ne le fait pas car on se dit que cela saute aux yeux et pourtant non. Je te souhaite beaucoup de courage et je t’embrasse❤
Nelly
Merci pour la reponse
Je vais essayé de suivre tes conseils surtout sur la méditation pour le moment le seul truc qui me canalise et me calme est la natation mais apres quelque longueur vu que je force je suis épuisé et le lendemain envie de rien faire … Ma maman et moi aimons marcher en forêt donc sa m’aide beaucoup je ne suis pas très douée pour parler de mes sentiments du coup on m’a conseiller de les ecrire pour moi du coup depuis 2 jours je tiens un petit journal ou j’explique et met des mots à mon mal être tous les jours je souhaite allez bien mieux pour pouvoir profiter de ma première grossesse de mon premier bébé et te lire m’a conforté et je me suis dis je ne suis pas une mauvaise future maman Merci
D.
De rien Nelly ! Écrire c’est une bonne chose je trouve. D’ailleurs j’ai écris ce billet à un moment où j’étais au plus mal. J’ai hésité à le publier maintenant que ça va nettement mieux…Mais je me suis dit que ça faisait aussi partie de l’expérience et que d’autres futures mamans pourraient y trouver du réconfort. Dis toi une chose : tu es juste humaine, alors prends les choses comme elle viennent en espérant que ça aille mieux. Courage et bises
didi
Bonjour
Très bel article comme toujours, moi aussi jai souffert de touis ces maux,la solitude surtout j’ai bcp souffert mais dis toi une chose tout ceci n’est que temporaire, je te soutiens men tant que mère en tant que lectrice, et le bébé te fera tout oublier
D.
Merci Didi ! Fort heureusement tout cela est désormais loin et je m’estime heureuse car certaines femmes vivent ça durant toute leur grossesse 😨
LeCornerdAlsi
Bonjour,
J’ai accouché le mois dernier d’une petite fille et je rejoints totalement ton article et les précédents commentaires. Pour moi la grossesse n’a pas été un état de grâce mais il fallait en passer par là.
Habituellement résistante physiquement, j’ai pris une claque mais je garde espoir d’avoir une meilleure seconde grossesse si jamais…
Mais comme tout le monde le dit autour de nous l’age avançant… Et agée de 32 ans aujourd’hui, je compte sur ma bonne étoile…
Leticia
Il n’y a rien à dire si ce n’est qu’il faut visualiser le but qui en vaut 10 000 fois la peine 🙂
D.
Bonjour,
Hé oui il faut malheureusement en passer par là. Je ne suis pas particulièrement persistante,du moins je ne pense pas l’être, mais j’étais plutôt du genre hyper active alors se retrouver au lit et ramper jusqu’à la cuvette des wc plusieurs fois par jour ça a joué sur mon moral. Heureusement que j’avais de bons bouquins qui m’ont changé les idées ^^ Et encore je m’estime chanceuse parce que certaines femmes endurent ça jusqu’au terme de leur grossesse…
Gaëlle
Hello Danielle,
C’est Gaëlle. Te souviens-tu de moi ? (Fac). C’est un réel plaisir de lire tes chroniques de maman/grossesse. Encore plus depuis que je suis moi même devenue maman cette année. Très bon article.
D.
Hey bonjour Gaelle !
Quel plaisir de te retrouver ici et quelle bonne nouvelle 😀
Merci et à très vite j’espère !
Céline
Bonjour,
Merci pour ce bel article, c’est bien de montrer que la grossesse n’est pas que béatitude et enchantement.
Mais attention à ne pas tomber dans les généralités, le diabète gestationnel n’est pas lié à l’appétence pour les produits sucrés, par ailleurs le sucre est également présent dans les féculents : riz, pommes de terre bref du salé 😉
Bonne continuation pour ta grossesse.
Amicalement
Céline
D.
Bonjour Céline, sur mon blog je fais part de mon expérience avant tout, je pense que toutes les lectrices l’ont bien compris. Le diabète gestationnel étant uniquement évoqué dans une phrase difficile de développer puisque ce n’est pas le sujet…Si il n’est pas lié à l’appétence pour les produits sucrés, il est indéniable que c’est un facteur de risque durant la grossesse. D’ailleurs en cas de diabète avant de s’attaquer aux féculents, le sucre ajouté est le premier que l’on supprime.Pour le reste je pense que c’est assez évident pour tout le monde sans que j’ai besoin de le préciser 🙂
Bonne journée.
Best of D. - Enfin l’été !
[…] et l’esprit libérés de toutes les contrariétés. C’est un impératif ! Après un premier trimestre de grossesse particulièrement éprouvant et morose, maintenant que je me sens mieux je compte bien profiter des […]
Best of D. - « Tu vas être une grande sœur » : accueillir ses émotions avec bienveillance.
[…] « sûrs »…Mais pour des raisons que j’invoquais déjà dans ce billet, j’estime que l’on peut déroger à cette tradition. A vrai dire et sans doute pour la […]
Best of D. - Slow Pregnant Life
[…] le choix : je suis hyper fatiguée. C’est une fatigue qui n’a pas disparu après le premier trimestre de grossesse (comme c’est souvent le cas ) contrairement aux autres symptômes. Je dirais même […]
Best of D. - Dear 2018
[…] dû attendre mon dernier trimestre pour commence la conduite (j’étais pas du tout en forme avant) et je n’ai pas pu conduire autant que le souhaitais. A l’arrivée de Nina, je […]