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Documentaire : « Jean-Michel Basquiat : The Radiant Child » de Tamra Davis

Pour tout vous dire, j’en avais un peu marre des biopics , même ceux musicaux qui ont pourtant toujours eu mes faveurs. Avec « Jean-Michel Basquiat : The Radiant Chlid », je réalise que je préfère les documentaires, un genre avec lequel il est difficile de » tricher » et Tamra Davis nous en a fait une brillante démonstration.

J’ai été agréablement surprise parce que même si je trépignais d’impatience depuis l’annonce de la sortie du film (et de la rétrospective qui débute vendredi au musée d’Art moderne de Paris) je n’avais pas vraiment cherché à en connaître le synopsis. Un film sur un artiste noir qui par son oeuvre unique en son genre a marqué l’histoire de l’art contemporain c’est assez rare pour ne pas se poser plus de questions.
Je pensais qu’il s’agissait d’une fiction comme celle que Julian Schnabel a consacré à l’artiste en 1996 avec Jeffrey Wright dans le rôle de Basquiat .
Le film de Tamra Davis est en fait un documentaire composé essentiellement d’interviews et de vidéos réalisées en 1986. Ces rushes étaient enfermées dans un tiroir  depuis 20 ans jusqu’à ce que Tamra (à qui l’on doit « Crossroads » ) décide  de proposer au grand public ce qu’elle considère avant tout comme un « hommage » à son ami.

Si la personnalité ou l’oeuvre de Jean-Michel Basquiat restent méconnus de beaucoup, ce documentaire semble nous indiquer l’essentiel sur l’artiste.
Conçu comme un film, il démarre avec les débuts de Basquiat en tant que grapheur (une époque que je ne connaissais pas du tout) où l’adolescent  « sévissait »  sur les murs  et le métro New-yorkais en compagnie de son ami Al Diaz sous le pseudo  SAMO (same old shit).
Il se fait rapidement remarquer dans le milieu de l’underground par ses oeuvres qui présentent une qualité picturale très particulière et une dimension politique singulière pour le jeune homme qu’il est alors.

Jean-Michel qui est issu de la classe moyenne américaine (son père était comptable) est initié à l’art dès l’âge de 6ans par sa mère qui l’emmène régulièrement au Brooklyn Museum, au Museum of Modern Art et au Metropolitan Museum. A 7 ans il est victime d’un grave accident de voiture et durant sa convalescence sa mère lui offre le livre d’anatomie d’Henry Gray « Gray’s Anatomie ».
Le jeune garçon ne le sait pas encore, mais c’est ce livre qui va donner naissance au style Basquiat-qui est en effet très anatomique.
A 18ans il quitte définitivement le domicile familial et se retrouve SDF pour pouvoir vivre pleinement  son art.
Le documentaire insiste particulièrement sur cette période fondatrice et s’attache à montrer que Jean-Michel Basquiat n’est pas devenu l’un des artistes les plus prolifiques  du 20ème siècle par hasard.
Basquiat qui dit avoir puisé son inspiration dans les livres de William S. Burroughs, lit l’anglais, l’espagnol et le français. Il se destinait pourtant à être pompier. Très vite ses talents artistiques prennent le dessus et s’illustrent dans les cahiers de dessins qu’il noircit quotidiennement.
Il était réellement doué et faisait preuve d’une culture artistique très riche, ce qui tranche avec l’image que les médias de l’époque se faisaient d’un jeune afro-américain de classe moyenne.
Pour cela il attire très vite les journaux spécialisés qui le présentent plus comme un ovni, produit de la contre culture underground que comme le peintre talentueux qu’il s’attache à devenir.

Au même moment New york est en pleine mutation et au début des années 80 la ville devient un véritable repère d’artistes en tout genre qui se réunissent dans des lieux comme le Club 57 où l’on rencontre le gratin de la culture pop du moment : Madonna, Bowie, Warhol.
Basquiat y fait les rencontres qui vont donner un tournant décisif à sa carrière.
Sa petite amie de l’époque déclare qu’en quelques mois il a du faire face à des commandes de plus en plus nombreuses et de plus en plus chères.
Les galeristes new-yorkais lassés de proposer des « expositions de peintres blancs, peignant des toiles blanches, accrochés sur des murs blancs et buvant du vin blanc » veulent du « sang » neuf et Basquiat n’a pas de mal à se faire exposer.
En 1984 il entre à la Galerie Mary Boone à New York qui représente des artistes déjà affirmés dont Julian Schnabel (qui signe le film de 1996).
Galvanisé par cet engouement pour son oeuvre il devient prolifique et espère que les grands musés d’Art qu’il visitait gamin s’intéressent à leur tour à son travail.
Cela ne se produira pas et Basquiat vivra ce rejet et cette indifférence comme une véritable gifle.
D’ailleurs un commentateur dira que cet engouement pour Basquiat est typique des gens de Gauches qui éprouvent sans cesse le besoin de s’intéresser aux minorités pour entretenir leur image philanthrope. Et de rajouter que la contribution de Basquiat au monde de l’art est tellement infime qu’elle est nulle!
Basquiat devient de plus en plus amer et n’hésite pas lors des interview à évoquer le racisme dont il est victime.
On dit d’ailleurs de lui qu’il est d’abord devenu célèbre pour son oeuvre et ensuite pour sa célébrité.
Basquiat ne comprend pas comment il peut faire la couverture du New York Time en costume de grand créateur et les plus grands musés du monde continuer à l’ignorer.
Un blessure qui ne se referma pas et que la drogue qu’il disait prendre pour l’aider à se concentrer amplifiera.
Même sa collaboration avec Andy Warhol ne parviendra pas à convaincre. Basquiat prend ses distances et s’enfonce. Il essaiera de refaire surface en reprenant le contact avec ses amis d’enfance mais sans succès. Il meurt d’une overdose à 27ans.

La projection du film en Avant-Première au nouveau Latina fut suivie d’une discussion avec Tamra Davis et quelques protagonistes du film dont Suzanne qui a partagé la vie de Basquiat. Cette dernière a précisé que ce documentaire était important car il n’élude pas la question du racisme dont Jean-comme ses amis l’appelaient- a énormément souffert.
A la question de savoir ce que Basquiat serait devenu s’il était toujours en vie, la réalisatrice et amie de longue date déclare qu’il serait certainement devenu réalisateur et écrivain car il en parlait déjà à l’époque et c’est lui qui a d’ailleurs suggéré à Tamra de faire ce documentaire.

« Jean-Michel Basquiat: The Radiant Chlid » est un bon documentaire, très bien mené dans lequel rien n’a été laissé au hasard, du choix de la musique au choix des oeuvres qui apparaissent à l’écran.
Le lien qui unissait Tamra a Basquiat confère au film une authenticité particulière qui en fait pour moi l’ultime oeuvre de l’héritage Basquiat.
J’ai particulièrement apprécié  la possibilité donnée au spectateur d’assister à la naissance de certaines oeuvres grâce notamment à des images de Suzanne qui l’avait filmé en train de peindre. Mais également cette possibilité de comprendre véritablement son oeuvre à  travers sa personnalité. Basquiat confie qu’il travaille toujours avec la télévision allumée, de la musique et une pile de bouquin posée à ses côtés. Rien de surprenant au caractère si particuliers de ses oeuvres, qu’il ne parvenait pas à expliquer rétorquant que c’était comme de demander à Miles(Davis) pourquoi sa trompette fait ce son .

J’avais pu admirer une toile de Basquiat dont Dennis Hopper avait fait l’acquisition lors de l’exposition « Dennis Hopper et le Nouvel Hollywood « cinémathèque, alors autant vous dire que j ai hâte de découvrir cette rétrospective au musée d’Art moderne !

Par

Pas de commentaire

  • la pie qui chante pour un oui pour un non

    Oh Jean-Michel!
    My love de toujours.
    Je dois être un peu possessive mais avec tout ce battage autour de la rétrospective, j'ai un peu l'impression qu'on me le vole… Je suis un peu dingue, héhé!
    Chouette site!
    À bientôt!

    15 octobre 2010 at 16 04 04 100410 Répondre
  • D.

    Je te renvoie le compliment, et je te reconnais bien là:)
    Oui quand on aime on est forcement toujours un peu posséssif!
    En tout cas, il est à tous les coin de rue de Paris le Jean, pour le coup on peut pas le râter.
    J'y étais ce matin, sacrée rétrospective, un côté un peu émouvant (cryyyyyyyy).
    Au plaisir !

    15 octobre 2010 at 16 04 15 101510 Répondre
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